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Le Figaro
February 21, 2003
SECTION: DEBATS ET OPINIONS, EDITORIAL

LENGTH: 490 words

HEADLINE: Le droit ne se divise pas

BYLINE: Charles LAMBROSCHINI

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PUNIR l'Irak ou simplement le contenir, telle est une fois de plus l'alternative a laquelle va se retrouver confronte le Conseil de securite de l'ONU. En preparant un nouveau projet de resolution pour justifier un assaut contre Bagdad, les Americains cachent a peine qu'ils cherchent d'abord a se debarrasser de Saddam Hussein. En persistant dans l'opposition, la France, avec ses amis, repete qu'elle entend seulement se debarrasser de l'arsenal irakien.

Cette difference quant aux objectifs explique la divergence sur le choix des moyens. Les Etats-Unis reclament pour la semaine prochaine un texte ' avec des dents '. D'abord, le constat que l'Irak s'est mis hors la loi en continuant de camoufler ses armes de destruction massive. Ensuite, un ultimatum qui, faute d'etre respecte, declencherait des represailles immediates. Paris estime au contraire qu'il faut s'en tenir a la resolution 1441 qui, adoptee en novembre a l'unanimite, n'a rien perdu de son actualite. Elle prevoit notamment que, si le travail des inspecteurs de l'ONU est sabote, l'Irak s'exposera a une intervention militaire.

En realite, ce debat semantique n'est que l'alibi d'une impitoyable bataille politique : George W. Bush cherche a briser la majorite ' pacifiste ' du Conseil de securite. Meme si, conscient de l'impact negatif d'une telle brutalite, Colin Powell a promis que les Etats-Unis ne menacaient pas les autres Etats membres, les Americains pratiquent une diplomatie de la ligne de front : ' Avec nous ou contre nous '.

La France prefere la nuance. Argument essentiel de Paris : il n'y a aucune urgence a partir en guerre puisque l'Irak, soumis depuis 1991 a un severe regime de sanctions, a cesse de menacer ses voisins. Mieux vaut se concentrer sur le verre a moitie plein que sur le verre a moitie vide : le gouvernement de Bagdad paraissant nettement plus cooperatif, la patience doit l'emporter sur la force.

Les Etats-Unis cherchent a legitimer une strategie qui est deliberement celle de la violence. Mais, sur quinze votes au Conseil de securite, ils n'en comptent que quatre : outre le leur, ceux de la Grande-Bretagne, de l'Espagne et de la Bulgarie. Dernier en date des contestataires : Vladimir Poutine vient de faire connaitre son intention d'user, si necessaire, de son droit de veto. En face, le camp du ' juridisme ' soutient que le droit ne se divise pas. La loi internationale interdit l'ingerence dans les affaires interieures d'un pays membre des Nations unies. Et le fait que l'Irak soit juge antipathique n'y change rien.

Au regard du gigantesque incendie terroriste que risque de declencher une operation arbitraire contre l'Irak, George W. Bush serait bien inspire de s'aligner sur la vieille sagesse des nations. Celle qu'exprimait Lloyd George dans les dernieres annees du XIXe siecle : ' On peut faire du commerce avec les cannibales sans adopter pour autant leurs detestables habitudes gastronomiques. '

LOAD-DATE: February 21, 2003