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Copyright 2003 Le Figaro  
Le Figaro

January 23, 2003

SECTION: INTERNATIONAL

LENGTH: 636 words

HEADLINE: FRANCE-ALLEMAGNE Jacques Chirac et Gerhard Schroder se prononcent pour un reglement pacifique; Front franco-allemand sur la crise irakienne

BYLINE: Luc de BAROCHEZ

HIGHLIGHT:
Le chef des inspecteurs en desarmement de l'ONU, Hans Blix, a declare hier au siege des Nations unies, a New York, que les Irakiens ne cooperaient pas encore de maniere active. Interroge a son arrivee aux Nations unies, le directeur executif de la Commission de controle, d'inspection et de verification des Nations unies (Cocovinu) a egalement indique que les inspecteurs ' n'avaient rien trouve de cache en grande quantite '. Par ailleurs, le Pentagone a annonce hier que les Etats-Unis avaient place 20 000 reservistes supplementaires en service actif, ce qui porte le nombre total de reservistes en service actif a 78 906.

BODY:
Anniversaire de leur traite d'amitie oblige, la France et l'Allemagne ont affiche hier un front commun sur la crise irakienne. Elles ne sont pas d'accord sur tout, puisque Paris n'exclut pas une guerre ' en dernier recours ', alors que l'Allemagne se dit opposee par principe a l'emploi de la force contre l'Irak, meme si l'ONU y donnait son aval. Malgre cette divergence, la menace americaine d'un cavalier seul ouvre un large terrain d'entente a Paris et a Berlin.

Le president Jacques Chirac a resume en deux phrases le ' jugement identique ' sur la crise irakienne auquel il est parvenu avec le chancelier Gerhard Schroder.

' Toute decision appartient au Conseil de securite de l'ONU et a lui seul, s'exprimant apres avoir entendu le rapport des inspecteurs, conformement aux resolutions pertinentes qu'il a adoptees. '

' La guerre est toujours un constat d'echec, et c'est toujours la plus mauvaise des solutions ; tout doit etre fait pour l'eviter. '

En choeur, Jacques Chirac et Gerhard Schroder ont affirme leur volonte de coordonner etroitement leur action au Conseil de securite de l'ONU, dont la France exerce la presidence en janvier et l'Allemagne en fevrier. Cependant, ni l'un ni l'autre n'ont voulu repondre a la question qui leur etait posee sur un eventuel vote commun au Conseil de securite. L'Allemagne a indique qu'elle n'envisageait que deux options dans ce cas, l'abstention ou le refus. La France, en revanche, veut garder toutes ses cartes a sa disposition. Elle a fait savoir qu'elle exercerait, quoi qu'il arrive, ' sa totale liberte d'appreciation '.

Jacques Chirac est ainsi reste en retrait hier par rapport a son ministre des Affaires etrangeres, Dominique de Villepin, qui avait laisse planer lundi, a New York, la menace d'un veto francais. Beaucoup de diplomates font d'ailleurs remarquer que l'hypothese d'un veto est largement theorique. Si, d'aventure, les Etats-Unis decidaient de mener une operation militaire en Irak malgre l'opposition d'autres membres du Conseil de securite, ils s'abstiendraient probablement de demander l'aval du Conseil. Ni la France ni l'Allemagne n'auraient ainsi a voter.

L'impatience americaine se heurte a l'incomprehension de Paris et de Berlin, ou l'on estime que les inspecteurs de l'ONU doivent obtenir plus de temps pour achever leur mission en Irak. La France comme l'Allemagne croient qu'il est possible de desarmer pacifiquement Bagdad. Les deux pays sont d'avis que le rapport que les inspecteurs doivent remettre lundi prochain au Conseil de securite de l'ONU n'est qu'un rapport d'etape, qui doit etre suivi d'autres.

Le chancelier Schroder, pour sa part, avait fermement condamne toute possibilite de guerre en Irak avant meme d'arriver a Paris. ' Ne vous attendez pas a ce que l'Allemagne accepte une resolution qui legitime la guerre, n'y comptez pas ', a-t-il dit mardi soir en Allemagne. Hier, il a cependant affirme sa volonte ' d'harmoniser (ses) positions aussi etroitement que possible ' avec la France, ' afin de trouver une solution pacifique a la crise irakienne '.

Lors de son discours devant les deputes francais et allemands a Versailles, Jacques Chirac a pu mesurer la popularite de l'option pacifiste dans les deux pays. Les membres de l'Assemblee nationale et du Bundestag ont applaudi comme un seul homme lorsque le president de la Republique a proclame sa conviction que ' la guerre n'est pas inevitable '. Il s'est attire des applaudissements redoubles lorsqu'il a souligne que ' le seul cadre legitime est celui des Nations unies '. Il a encore ete salue chaleureusement lorsqu'il a affirme que ' la France et l'Allemagne menent une concertation etroite et exemplaire pour donner toutes ses chances a la paix '. Ces chances semblent pourtant, au fil des semaines, de plus en plus minces.

LOAD-DATE: January 28, 2003